Cette section décrit le processus d'évaluation de l'EV et des conflits et présente les différents types d'outils actuellement disponibles pour faciliter vos évaluations. En outre, cette section vous fournira des ressources supplémentaires sur la mise en œuvre de ces outils dans votre environnement. Notez que l'outil présenté, le Guide des facteurs de l'extrémisme violent de l'USAID de 2009, se concentre sur les « facteurs » plutôt que sur la « dynamique » de l'extrémisme violent. Désormais, les donateurs et les intervenants jugent important d'examiner la dynamique de l'extrémisme violent en plus de ses facteurs. Les outils d'évaluation des conflits décrits ci-dessous peuvent être adaptés pour examiner également la dynamique de l'EV.
Quel est cet outil ?
Ce guide constitue le principal cadre d'une grande partie des programmes de P/CEV de l'USAID. Bien qu'il n'existe pas de profil type pour les extrémistes violents et que les chemins de la radicalisation soient rarement des lignes droites, ce guide et son modèle d'attraction et répulsifs constituent une façon d'analyser les raisons pour lesquelles les gens rejoignent les OEV.
EN QUOI CELA CONCERNE-T-IL VOTRE ACTIVITÉ ?
Le cadre vous aide à comprendre les facteurs qui conduisent les gens à rejoindre les OEV, ainsi que la manière dont ces facteurs peuvent varier entre les différents groupes vulnérables. Cependant, le modèle ne tient pas compte des facteurs de résilience au sein d'une communauté ou des facteurs qui aident à renforcer la capacité d'un individu à résister à l'attraction de l'extrémisme violent.
QUAND VOULEZ-VOUS L'APPLIQUER ?
Cette évaluation doit être réalisée avant de concevoir votre projet. Comprendre les facteurs de l'EV vous aidera à réfléchir aux facteurs qui peuvent être pertinents pour la communauté ou le groupe spécifique que votre projet tente d'atteindre. Ce cadre d'évaluation est également très utile pour élaborer des interventions, des programmes de réinsertion et de réhabilitation, afin de comprendre pourquoi les gens quittent les groupes d'EV et quel soutien ils pourraient avoir besoin pour le faire.
À TROUVER DANS NOTRE BIBLIOTHÈQUE DE RESSOURCES
Le graphique ci-dessous illustre le modèle d'attraction et d’incitation dérivé du Guide de l'USAID sur les moteurs de l'extrémisme violent. Le graphique présente l'environnement favorable à l'EV, les facteurs d’incitation (qui poussent les individus à rejoindre une OEV) et les facteurs d'attraction (caractéristiques que les individus trouvent attrayantes dans le groupe).
Si le modèle d'attraction et d’incitation est un cadre largement reconnu pour comprendre la radicalisation, les voies de la radicalisation qui mènent à la violence sont très complexes et nécessitent une approche plus large. Parmi les autres exemples de cadres qui explorent la radicalisation, citons :
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Cadre(s) : Liens entre les facteurs de l’EV, la vulnérabilité et la résilienceSource : PNUD et International Alert
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Cadre(s) : Le cycle CEVSource : Hedayah
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Cadre(s) : Facteurs d’incitation, dynamique de groupe et relations, facteurs d'attraction et sources de résilienceSource : Search for Common Ground et Hedayah
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Processus de radicalisation menant à la violence et facteurs menant à la radicalisation violenteSource : Centre for the Prevention of Radicalization Leading to Violence
La radicalisation ne suit pas un processus linéaire, notamment parce que les personnes et les groupes réagissent aux changements de l'environnement qui les entoure. Outre l'analyse de la dynamique et des facteurs de l'EV, il est important de réfléchir à la dynamique plus large du conflit. De même, il est important d'identifier les sources de résilience et de connexion qui renforcent les capacités des personnes à résister à l'attraction de l'EV. Il existe plusieurs outils différents que vous pouvez utiliser pour mener une analyse de conflit, et ceux-ci peuvent également être adaptés pour examiner la dynamique de l'EV.
Différentes méthodologies de collecte de données vous permettront d'évaluer les facteurs de l'EV et des conflits, y compris les méthodes quantitatives (sondages) et qualitatives (discussions de groupe). Chaque méthode comporte des points forts et des points faibles. Souvent, une combinaison des deux méthodologies (méthodes mixtes) permet d'obtenir une évaluation plus solide. La pertinence d'une telle approche peut être déterminée par l'environnement et les ressources de votre organisation, ses capacités de recherche, sa familiarité avec le contexte et ses délais. Il est toujours recommandé d’engager des chercheurs formés à ces méthodologies, qui comprennent les implications éthiques de la recherche sur des sujets impliquant des êtres humains et qui ont une expérience préalable de la recherche sur le terrain dans des environnements sensibles et affectés par des conflits.
La ressource de la Fondation Asie : Enquêtes et lutte contre l'extrémisme violent : Enquêtes et lutte contre l'extrémisme violent : Un guide pratique fournit un aperçu utile des méthodes quantitatives et qualitatives dans le tableau 1 ci-dessous. Des liens vers d'autres boîtes à outils et guides pour mener des recherches sur l'EV sont disponibles dans la bibliothèque de ressources.
Tableau 1 : Méthodes quantitatives et qualitatives
Enquêtes/Quantitatives | Méthodes qualitatives |
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Données systématiques recueillies auprès des participants à l'enquête par des enquêteurs formés selon une méthode standardisée et adaptée | Entretiens, groupes de discussion, observation et documents écrits |
Quantifier les réponses pour en tirer une analyse mathématique | Compter sur les chercheurs pour assurer le suivi des indices et des pistes plus ouverts |
Chercher à élaborer des réclamations qui peuvent être généralisées à une population plus large | Se focaliser sur un plus petit nombre d'individus mais de manière plus approfondie |
Nous permettre de déceler des tendances dans les événements, les comportements et les attitudes des extrémistes violents. | Éclairer les processus et mécanismes de radicalisation |
Tout le monde a des perspectives différentes qui peuvent avoir un impact sur sa capacité à rester objectif, il faut donc toujours se demander si des préjugés peuvent avoir un impact sur une évaluation. Il peut s'agir d'un préjugé personnel que vous pouvez avoir ou d'un préjugé de la personne interrogée qui se répercute sur ses réponses à vos questions.
Voici quelques questions à vous poser avant et pendant votre recherche dans le but de réfléchir aux préjugés éventuels qui pourraient influencer le résultat de votre évaluation :
Réduire nos préjugés
- Qu'est-ce qui motive cette évaluation ? Pourquoi faites-vous cette évaluation, et qu'est-ce qu'elle est censée apporter ?
- Comment notre milieu affecte-t-il notre analyse des faits ? Quelles sont les principales hypothèses, et sont-elles vérifiées ?
- Que pouvons-nous manquer ou mal interpréter à cause de notre milieu ? Existe-t-il d'autres points de vue ?
- Quel est le ou les niveaux d'analyse nécessaire (national, communautaire, individuel, etc.) ?
- Comment pouvons-nous atténuer tout préjudice potentiel dans notre manière de mener notre évaluation ?
Identifier les préjugés potentiels de nos répondants et évaluer la crédibilité des sources
- Quelles sont nos sources d'information ? Les données ont-elles été triangulées par d'autres sources ou d'autres moyens de collecte de données ?
- Combien de différents types d'intervenants ou de groupes d'intervenants participent à nos recherches ? Recherchons-nous des perspectives différentes ?
- Qui nous fournit les informations ? Quelle est leur motivation pour nous fournir ces informations ?
- Comment ont-ils eu accès à cette information (c'est-à-dire, ont-ils des informations directes ou s'agit-il de ouï-dire provenant de sources indirectes ou de tiers) ?
- Dans quel contexte nous fournissent-ils ces informations ? Pourrait-il y avoir un impact sur les informations qu'ils nous fournissent et pourquoi ils nous fournissent ces informations ?